Partage
de Micheline
N’ayons pas peur des mots et
n’ayons pas honte de les dire, je
suis une joueuse compulsive.
Des années (une dizaine) à courir
les bars, salons et casinos dans l’espoir d’assouvir mon goût pour les jeux
de hasard. Faire des bons coups
d’argent, miser sur la chance pour devenir « indépendante de fortune ». Quelle folie ! Rationnellement, je savais bien que c’était peu
probable. Mais j’aimais jouer comme
d’autres aiment aller à la pêche.
Qu’y avait-il de mal à ça ?
Le « hic » c’est que ce
goût immodéré du jeu, cette ambition malsaine de gagner à tout coup, ou
presque, m’a menée au bord d’un précipice financier, oui, mais également au
bord d’un gouffre encore plus effrayant, celui de la dépendance avec son
lot de comportements inadéquats. La phrase clé de cette dégringolade :
C’EST PLUS FORT QUE MOI… Je ne
mentais pas, j’arrangeais la vérité.
Je ne volais pas, j’empruntais.
Je manipulais mon entourage pour qu’il me donne la permission de
jouer. Je m’auto-manipulais en me
confortant dans l’idée que mes dépenses de jeu étaient de l’impôt
volontaire, donc que c’était bon pour la société.
Qui a pour idéal d’être appauvri,
d’argent et d’estime de soi ?
Personne. Pourtant, c’est ce
qui m’arrivait. Insidieusement, sournoisement, le jeu me transformait en
une pomme véreuse, abimée de culpabilité, de remords, et de peurs.
Les effets secondaires du jeu se
sont vite fait sentir. En entrant au
casino de Montréal, de Charlevoix ou dans les salons de jeu des bars, une
frénésie s’emparait de moi, provoquant des courants électriques, des
petites crampes qui se traçaient un passage jusque dans mon ventre. Je comprenais alors le sens des mots
« plaisir et viscéral ».
Plus rien d’autre n’existait que le désir de m’asseoir, même
inconfortablement, sur les tabourets hauts perchés, face à la
« maudite machine », que je ne maudissais pas encore. L’argent n’avait plus de valeur. Je jouais tant que j’en avais. Si je gagnais, j’en avais plus à
« investir » dans le jeu.
Si je perdais, j’empruntais encore et encore, jusqu’à plus
rien. Ni dans mon compte, ni sur mes
cartes de crédit, ni dans les poches de mes proches. Suivait alors une déprime, bien
temporaire, que je transformais en indifférence. « Bof ! Je l’aurais dépensé autrement » ou
encore « C’est mon argent, j’ai le droit d’en faire ce que je
veux »… On voit le genre…
Puis… un beau jour, exaspérée par
mon obsession, j’ai décidé de faire comme Zorba,
ce personnage extravagant de la littérature grecque qui, obsédé par les
cerises, décida d’en manger tout un panier, en cachette de sa mère. Malade, vous dites ? Il n’a plus jamais ingurgité une cerise après
ça. Moi, j’ai décidé d’emprunter à
ma carte de crédit le plus gros montant que je pouvais obtenir. 4 500 $.
Une semaine plus tard, tout avait été dépensé dans les machines à
sous. Mon dégoût du jeu se faisait sentir dans mes
vertèbres, mon estomac, mon foie et… mon moral déglingué.
Avec mon conjoint, je me suis
rendue à ma première réunion des J.A.
C’était rassurant de rencontrer des personnes qui comptent sur
eux-mêmes, ou encore les uns sur les autres et sur une puissance supérieure
capable de les aider. C’était
réconfortant de constater à quel point la solidarité est l’antidote au
poison du jeu. La force du groupe est palpable lors de ces meetings. Peu de
choses sont demandées pour faire partie des JA. Être honnête, faire preuve
de bonne volonté et apprendre à faire confiance. Un jour à la fois, ça se
fait. Je l’ai fait, d’autres l’ont fait. Il n’y a plus de raisons qui
tiennent pour continuer à me faire du mal et à faire du mal aux autres.
Micheline, Québec (septembre 2013)

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